Historique du Raku 楽

cuisson dans le poele
bols au feu

LE RAKU

Origine

Le « Raku » est le fruit de la rencontre entre un artisan et un lettré,d’une poterie paysanne et d’un rituel raffiné étroitement lié à la philosophie Zen qui met l’accent sur la beauté de la simplicité et du naturel. Son histoire remonte à la fin du XVIe siècle                                                                        

Sen No Rikyu (1522-1591) était le grand maître de thé du Seigneur de la guerre Toyotomi C’était un esthète qui aimait l’art et la poésie

Il désigna la cérémonie du thé « cha no yu »pour promouvoir la contemplation de la beauté de la simplicité, « wabi ». Il élabore les règles de la cérémonie du thé et cherche des bols ayant un esprit et une simplicité appropriés à l’esprit Zen.

Lorsque Rikyu vit les sculptures faites par Chojiro, fabriquant de tuiles et de bols dans la tradition de sa famille coréenne, il lui demanda de faire un bol qu’il avait, dit-on, dessiné lui même pour le « wabi cha ».

 La technique

Chojiro n’utilisait pas le tour, il façonnait ses bols en alternant la pincée et le creusage. Ses bols étaient généralement symétriques et n’avaient pas de décoration spéciales. Ils étaient si austères que l’on pouvait dire qu’ils étaient dénués d’expression propre.

Par ses qualités artistiques et sa simplicité, Chojiro contribua à embellir l’idéal de « wabi ». Le seigneur de la guerre Hideyoshi était si ravis de ses bols qu’il les nomma Raku 楽 . On pourrait traduire par « la joie du loisir » ou « aise », « sérénité »

Pour son travail, Chojiro utilisait deux sortes d’argile. Les deux contenaient un fort pourcentage de sable pour réduire les risques de casse dus aux chocs thermiques

L’une de ces argiles était rouge très riche en ocre que potier cuisait à basse température.
La seconde était un grès.

Il plaçait ses bols dans des gazettes fermées avec un couvercle et les défournait en fusion pour les refroidir très rapidement.
En ce qui concerne la décoration, une glaçure faite avec des cailloux noirs broyés qui provenaient de la rivière Kamo à Kyoto recouvrait les bols noirs en grès.
Le fer et le manganèse donnaient un noir intense à une température de 1200°.

Les bols cuisaient placés un par un dans une gazette à l’intérieur d’un four spécial sans toit rempli de charbon. Le feu était attisé avec un soufflet pour atteindre de très hautes températures.

 De nos jours

Ainsi, la dynastie de potiers « Raku », forte de son titre et de ses commandes officielles, se perpétue encore jusqu’à la 15ème génération qui, de nos jours travaille encore à Kyoto.

Actuellement Raku Kichizaemon XV est devenu 15ème de la dynastie après la mort de son père Raku Kakunyu (1918-1980).

La philosophie

La cérémonie du thé au japon ou voie du thé embrassait les pensées philosophiques et religieuses derrière un rituel, de 1550 à 1850. Elle était de loin la plus importante influence de la culture japonaise. Les racines culturelles et religieuses proviennent du Bouddhisme Zen. La simplicité et l’austérité du Zen attirait la classe des Samouraïs qui rejetaient le faste de la cour impériale.

Dans les temples Bouddhistes de Chine, les moines considéraient le fait de boire  comme une aide à la méditation. Pendant tout le 15ème siècle, le Zen s’étendit très largement à travers tout le Japon. La cérémonie du thé commença à avoir une réelle influence avec la construction de la première maison de thé par le «Shogun» (dictateur militaire) Yoshimasa.

Le rôle du «maître de thé était de la plus haute importance. Il était attentif à chaque détail esthétique de la maison, du choix de la vaisselle et des accessoires. L’atmosphère devait être particulièrement paisible pour les invités choisis.

Une image utilisée par les pratiquants de la cérémonie du thé était que « le reste du thé au fond du bol était comme la flaque d’eau restant au creux du rocher après la pluie».
On peut ainsi sentir la relation profonde qui existe entre la terre, le bol et le minéral qui le recouvre….

Tandis que se développait cette philosophie, les japonais abandonnèrent les bols chinois qu’ils utilisaient depuis de siècles pour la poterie des potiers coréens. Peu à peu, les techniques se modifièrent pour répondre aux exigences et aux idéaux de cette nouvelle forme de cérémonie du thé .

Jusqu’à une époque très récente, on utilisait les bols Raku au Japon uniquement pour la fabrication de bols réservés à ce rituel. Leur valeur était telle que les dictateurs militaires au Japon les décernaient comme distinction honorifique.